Extrait du livre Numérique. Forfait illimité, Ed. GRAPPE (Groupe de réflexion et d’action pour une politique écologique), 2024.
La technique n’est pas neutre. La « transition numérique[1] » que nous sommes en train de vivre n’échappe pas à ce constat : ceux qui la prônent nous engagent dans certains choix sociétaux. Certes, le numérique a ouvert le champ de nombreux possibles. Mais ces possibilités ne doivent pas invisibiliser la question de son impact environnemental. Les atteintes considérables à l’environnement liées à l’essor de ces technologies ne concernent pas que les amoureux de la nature : elles affectent aussi, de manière irréversible, la société tout entière, la santé humaine et les écosystèmes, à un degré dont nous n’avons manifestement pas encore pris collectivement la pleine mesure. Ouvrir les yeux sur ces répercussions devrait nous inciter à réévaluer la qualification automatique de « progrès » attribuée au développement exponentiel des technologies et applications numériques.
Le secteur numérique n’est pas avare de promesses quant à ses vertus écologiques. Tour à tour, les arguments de l’économie de papier, puis de la dématérialisation ont été avancés ; l’argument selon lequel la transition numérique serait la clé de la transition écologique est le dernier en date. Ces arguments sont plus que discutables pour plusieurs raisons qui sont encore mal connues du grand public. Nous allons prendre le temps de les examiner et de les réfuter.
L’argument non fondé de l’économie de papier
La consommation mondiale de papier/carton est croissante, en dépit du développement de l’informatique: elle a augmenté de près de 75% par rapport aux niveaux de 1990. La production de papier/carton peine d’ailleurs à suivre la consommation pour toute une série de raisons liées en partie aux limites physiques (bois et coût de l’énergie nécessaires pour réaliser de la pâte à papier).
Ce sont les pays les plus numérisés qui sont les plus consommateurs de papier/carton. Bien que, depuis plusieurs années, la consommation et la production de papiers graphiques (imprimés) subissent une décroissance dans ces pays (par exemple en Amérique du Nord et en Europe), la croissance de la production d’emballages en carton a été très nettement stimulée par les échanges commerciaux et par le boom des achats en ligne. La consommation de papier/carton étant corrélée au PIB par habitant, le développement économique dans les pays émergents devrait avoir pour effet d’entraîner une hausse de leur demande de papier/carton.
Chez nous, du côté des organismes publics et privés, cet argument de l’économie de papier a permis, aux côtés d’autres arguments tels que la « simplification administrative », de justifier la numérisation des services et de réaliser des économies d’impression de documents sans aucune considération pour les intérêts et les préférences des citoyens, adhérents, clients ou même patients. De façon insidieuse, la dématérialisation des services a fait passer la charge administrative de l’administration vers l’individu, conduisant à l’exclusion d’une partie importante de la population (selon le baromètre de l’inclusion numérique 2024 de la Fondation Roi Baudouin, en 2023, 40% de la population belge était considérée comme étant en situation de « vulnérabilité numérique » et 43% n’était pas connectée à l’e-administration).
L’argument mystificateur de la dématérialisation ou « l’insoutenable matérialité du virtuel » (Bouveret, 2024)
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La matérialité du secteur numérique est une réalité atterrante, malgré sa qualification trompeuse de « virtuel ».
Ce secteur est constitué d’une architecture complexe de réseaux, de centres de données et d’équipements terminaux (34 milliards d’équipements informatiques, hors accessoires, en 2019 ; quelques milliers de centres de données ; des millions de kilomètres de câbles en cuivre et de fibres optiques, etc. (Bordage, 2019). Toutes ces infrastructures ont un impact environnemental considérable.
Au-delà des infrastructures, l’extraction des minerais, la consommation d’eau, les pratiques (stockage des données, transferts, entrainement des intelligences artificielles, visioconférences, etc.) et les déchets liés au secteur ont également un impact environnemental colossal. Ce secteur étant en développement exponentiel, tous ces impacts matériels ne font que croître de jour en jour sur chacun de ces postes et à chaque étape du cycle de vie des produits numériques : extraction des ressources, fabrication, transport, utilisation, valorisation, fin de vie.
La place nous manque dans le cadre de cet article pour développer tous les ravages matériels directs et indirects du secteur : consommation de ressources fossiles, extraction de minerais, consommation d’eau, émissions de gaz à effet de serre, consommation d’électricité, pollutions de l’air, des eaux, des sols, déchets, radiations non ionisantes (rayonnement électromagnétique), écotoxicité des eaux, destruction de la couche d’ozone, toxicité humaine, incidences sur la biodiversité, etc. Souvent, des données précises et à jour sont manquantes, en raison de la complexité des calculs d’impacts, mais aussi du manque de transparence du secteur. Nous ne mentionnerons donc que quelques données parmi les plus marquantes ou les mieux connues.
Cette empreinte du numérique fait l’objet de nombreuses recherches et publications : la problématique est donc bien connue des scientifiques, des industriels et des institutions. Mais, malgré les données accablantes qu’elles mettent en évidence, ces publications se soldent souvent, étonnamment, par des conclusions qui ne semblent pas dériver logiquement des constats exposés. Elles se résument fréquemment, au mieux, pour les utilisateurs, à une recommandation de mitiger les impacts environnementaux, à prolonger la durée de vie des équipements, ainsi qu’à mutualiser, améliorer l’efficacité énergétique, réduire le nombre d’équipements, évaluer le degré de nécessité de nos projets, bref à tendre vers « une certaine sobriété de nos usages ». Or, ce type de recommandations (par exemple limiter le stockage des données, vider ses boîtes mails, etc.) ne correspond pas à la gravité des constats scientifiques. Par ailleurs, ce discours visant la sobriété numérique est en totale contradiction avec la réalité des stratégies industrielles et institutionnelles qui conduisent au développement croissant des applications et des équipements numériques.
Au niveau des acteurs et des organismes usagers du numérique, des recommandations et des réglementations existent ou sont en phase d’élaboration, mais l’impact environnemental croissant du secteur témoigne de ce qu’elles sont à ce jour largement déficientes. Quand bien même ces réglementations seraient bien pensées et effectivement mises en œuvre, la croissance du numérique dans tous les secteurs de l’activité humaine ne pourrait pas conduire à une réduction de son empreinte environnementale.
Cette conclusion purement logique est pourtant battue en brèche par les promesses du secteur selon lesquelles les technologies numériques, et notamment les intelligences artificielles (IA), devraient contribuer, à l’avenir, à diminuer de façon tellement significative l’empreinte environnementale des autres secteurs d’activités humaines que cela compenserait leur propre empreinte. Plusieurs éléments mentionnés dans les développements qui suivront nous permettront de réfuter cette position.
La consommation d’énergie primaire, d’électricité et les émissions de gaz à effet de serre
En dépit des efforts d’efficacité réalisés à de nombreux niveaux, le secteur du numérique est responsable d’une consommation d’énergie primaire*sans cesse croissante (4,2% de l’énergie primaire consommée dans le monde en 2019) (Bordage, 2019).
En matière de consommation électrique au niveau mondial, on estime que le secteur a consommé de l’ordre de 1 300 TWh d’électricité en 2019 (1TWh = 1 milliard de kilowattheures), soit 5,6% de la consommation mondiale annuelle d’électricité (Bordage, 2019). The Shift Project ou le CNRS évoquent quant à eux le chiffre de 10% (CNRS, 2018). Selon l’Agence internationale de l’Energie, la consommation électrique cumulée des centres de données et des infrastructures dédiées à l’usage des IA et au minage des cryptomonnaies pourrait doubler entre 2022 et 2026 (Nora, 2024).
Les besoins en énergie décarbonée des géants du numérique (pour leurs campagnes de marketing vert) dépassant de loin la production d’électricité « verte » (une appellation qui mériterait d’ailleurs d’être discutée), ces acteurs se tournent à présent vers le nucléaire, considéré erronément comme une énergie propre, en dépit des problèmes liés à l’exploitation des mines d’uranium, à la production des déchets et des rejets radioactifs et chimiques dans l’air et l’eau, aux dangers liés au vieillissement des réacteurs, … (Greenpeace, Reporterre 2023).
Le créateur de ChatGPT lui-même considère que le développement des IA nécessiterait « une percée majeure dans le domaine de l’énergie », tant leur consommation à venir promet d’être croissante (Béchade, 2024 ; Reuters, 2024).
Selon une étude récente, les IA pourraient consommer entre 85 et 134 térawatts-heures (TWh) par an en 2027, soit la même quantité d’énergie qu’un pays comme l’Argentine, les Pays-Bas ou la Suède (de Vries, 2023). D’après l’Agence internationale de l’énergie, une requête sur Google (avant que l’IA n’y soit intégrée) consommait 0,3 Wh d’électricité contre 2,9 Wh pour une question posée à ChatGPT (IEA, 2024 ; Béchade, 2024). Une consommation qu’il faut multiplier par les millions de consommateurs et de requêtes posées par ces derniers. A ce calcul, il faut ajouter la phase d’entraînement des IA, extrêmement gourmande en énergie (Hao, 2019).
On estime aujourd’hui que 4% des émissions de gaz à effet de serre sont liées au numérique, c’est-à-dire plus que le secteur aérien (Bordage, 2019). D’après The Shift Project, elles équivaudront dans quelques années à celles du transport automobile.
Il est aujourd’hui extrêmement difficile de se faire une idée précise des émissions des centres de données. Des enquêtes récentes ont mis à jour de nombreux montages réalisés par les entreprises pour masquer leurs véritables niveaux d’émissions, lesquelles seraient en réalité très largement supérieures aux chiffres fournis dans les bilans de ces entreprises. Ce seraient près de 90% des émissions qui seraient dissimulées par ce maquillage comptable, notamment via le système de certificats verts (O’Brien, 2024 ; ASL, 2024 ; Béchade, 2024), un système largement controversé (Béchade, 2020). Dans le cadre de discussions en cours autour de règles internationales sur la comptabilisation et la déclaration des émissions de gaz à effet de serre (le Greenhouse Gas Protocol, un protocole largement perfectible puisque les émissions industrielles continuent d’augmenter en dépit de son existence), les géants du Web feraient même pression afin de modifier les règles, ce qui leur permettrait de continuer à sous-évaluer leur empreinte carbone (Béchade, 2024).
Les ressources naturelles
Les ressources naturelles nécessaires à la production de tous les composants du numérique sont considérables. A titre d’exemple, de nombreuses publications reprennent l’estimation selon laquelle 600 kg de matières premières doivent être mobilisés pour la fabrication d’un ordinateur, dont plusieurs dizaines de matériaux différents, parmi lesquels beaucoup sont rares et non renouvelables.
Pour la transition numérique en cours comme pour la transition énergétique annoncée, les deux étant liées, nous dépendons des minerais et métaux que nous extrayons à des niveaux inédits dans l’histoire humaine. Sachant que ces ressources sont inégalement réparties, non renouvelables à l’échelle humaine, abondantes pour un certain nombre d’entre elles, mais plus rares, plus coûteuses ou difficiles à extraire pour d’autres, voire, pour certaines, à risque d’épuisement d’ici quelques décennies, au rythme de consommation actuel (Bordage, 2019), une véritable géopolitique en matière de minerais s’est mise en place, faite de jeux d’influence, mais aussi d’ingérences, de mainmises et de conflits sanglants. La liste des métaux convoités, notamment dans le Sud, est longue ; partout, de nouveaux projets sont à l’étude ou sur le point d’être lancés.
Au Sud, les discours officiels font l’impasse sur les coûts sociaux et environnementaux exorbitants de ce nouvel extractivisme présenté comme « vert », usant d’une rhétorique classique le présentant comme un vecteur de développement (économique, humain, durable) et d’emplois. Pourtant, des ONG dénoncent les nombreuses atteintes aux droits humains comme le travail des enfants, les déplacements forcés, les spoliations, le trafic d’êtres humains, les conditions de travail et de sécurité intolérables. Mais aussi les intoxications, les accidents, les privations d’accès aux ressources, les captations d’eau, la destruction des zones de culture et de pêche, les menaces et assassinats de représentants de communautés autochtones, l’apparition de nombreux conflits armés, les activités criminelles, les répressions violentes des mouvements d’opposition, les pollutions dues au traitement des déchets liés aux technologies numériques (et aux technologies « vertes ») en fin de vie (CETRI, 2023).
C’est dans ce contexte de consommation vorace et d’insécurité d’approvisionnement que la réouverture de mines en Europe et l’extractivisme dans les fonds océaniques (et demain dans l’espace) sont mis à l’ordre du jour, comme l’explique Inès Trépant dans l’article qui suit.
La consommation d’eau
La consommation globale en eau du secteur numérique est difficile à déterminer. Certaines sociétés fournissent des données sur leur consommation annuelle, mais la transparence est loin d’être la règle. Si l’on considère les différents stades du cycle de vie des produits numériques (fabrication, usage, fin de vie) et les différents segments du secteur (équipements, centres de données, infrastructures, réseaux, applications et services délivrés), on réalise que c’est une quantité phénoménale d’eau qui est utilisée pour le secteur du numérique dans son ensemble.
Or, l’eau douce disponible[2] pour l’homme est une ressource limitée et déjà sous tension : inégalement répartie, insuffisante dans certaines parties du monde, faisant l’objet de nombreux conflits entre les différents types d’usagers et menacée au niveau qualitatif et quantitatif par les activités humaines et les bouleversements environnementaux et climatiques qu’elles génèrent. D’après l’OCDE, la demande mondiale en eau devrait d’ailleurs encore augmenter de 55% entre 2000 et 2050 et rendre la situation encore plus critique.
La consommation d’eau du secteur numérique équivalait en 2019 à 0,2 % de la consommation globale d’eau douce, une consommation appelée à augmenter avec la croissance attendue du secteur (Bordage, 2019). Mais ce sont les conflits en matière d’usages de l’eau et les pollutions liées au secteur qui sont particulièrement problématiques.
C’est au niveau de la fabrication des équipements des utilisateurs (ordinateurs, objets connectés, smartphones, tablettes), et plus particulièrement pour l’extraction des minerais que la plus grande quantité d’eau douce est utilisée (75%) (Bordage, 2019). En effet, le processus de récupération des métaux, extrêmement énergivore, demande énormément d’eau et est hautement polluant. La purification de chaque tonne de terre rare requiert l’utilisation d’au moins 200 m3 d’eau qui se chargent d’acides et de métaux lourds (Pitron, 2018). Par ailleurs, la concentration des gisements diminuant, l’énergie, l’eau et les produits toxiques requis sont de plus en plus importants (Bouveret, 2023).
Les serveurs nécessitent également beaucoup d’eau (même si, dans les pays où l’électricité est bon marché ou dans les lieux où l’eau est une ressource rare, les climatiseurs sont privilégiés). Une étude récente s’est intéressée à la fois à l’eau prélevée pour refroidir les serveurs, aux volumes évaporés et aux quantités d’eaux rejetées et chargées en polluants éternels au cours du processus, tant dans la phase d’apprentissage des IA que dans leur phase d’utilisation. Selon cette étude, une session de questions-réponses avec ChatGPT-3 consommerait en moyenne un demi-litre d’eau, un chiffre à multiplier par les millions de requêtes par jour. Cette estimation, bien qu’imparfaite et incomplète, a l’avantage de marquer les esprits. Plus nous créerons de données et plus les modèles d’IA vont se complexifier, plus la consommation d’eau sera importante, explique cette étude, qui estime que, d’ici à 2027, le secteur des IA pourrait nécessiter l’extraction de 4,2 à 6,6 milliards de mètres cubes d’eau, soit la moitié de la consommation d’un pays comme le Royaume-Uni (Pengfei, 2023 ; Béchade, 2024).
Même si le numérique n’est pas le secteur d’activités qui consomme le plus d’eau en comparaison avec l’agriculture industrielle qui consomme à elle seule 70% de l’eau douce à l’échelle mondiale, il est responsable dans certaines régions de périodes de stress hydrique, occasionnant des conflits et donnant lieu à des arbitrages qui peuvent se solder par des décisions préjudiciables aux populations autochtones et au détriment d’usages plus essentiels. Un peu partout dans le monde, des conflits pour l’accès à l’eau éclatent entre les populations locales et des entreprises du secteur qui consomment énormément de ressources en eau pour les mines, les usines de semi-conducteurs ou les centres de données.
Certaines préconisations en matière de sobriété numérique (du côté des utilisateurs) et d’écoresponsabilité (au niveau de la fabrication, du traitement, du stockage, des data, etc.) permettraient de réduire l’empreinte hydrique du secteur. Ces réductions seraient certes bienvenues, mais dans un contexte de croissance du secteur numérique et de crise mondiale de l’eau, elles sont loin d’être suffisantes pour parvenir à une gestion soutenable et à un partage équitable de l’eau.
Les mythes de l’économie circulaire, de la neutralité carbone et de l’écoconception à la lumière de la problématique des déchets
La quatrième édition du rapport sur les e-déchets des Nations Unies révèle que 62 millions de tonnes de déchets électroniques ont été produits en 2022. Leur volume de production annuelle a cru de 82 % depuis 2010 et, selon les projections actuelles, devrait continuer de croître pour atteindre 82 millions de tonnes en 2030. Le Forum économique mondial prévoit même qu’il pourrait doubler à l’horizon 2050 pour atteindre les 120 millions de tonnes. L’Europe est la principale productrice d’e-déchets. A l’échelle mondiale, moins d’un quart d’entre eux serait collecté et recyclé, le reste étant brûlé, jeté ou abandonné dans la nature, avec des impacts sanitaires et environnementaux à la clé (UNITAR, 2024).
Les déchets liés au secteur numérique font partie de la catégorie des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE). Les DEEE contiennent des composants toxiques ou dangereux (aluminium, cuivre, plomb, zinc, (aluminium, cuivre, plomb, zinc, argent, …) et des polluants persistants (arsenic, mercure, cadmium, lithium, …). Ceux-ci devraient être traités conformément aux réglementations nationales, régionales et internationales basées, en Europe, sur le principe de responsabilité du producteur. Mais, en raison du coût lié à leur valorisation et leur élimination, nombre d’entre eux, parfois présentés de façon fallacieuse comme du matériel réutilisable, sont envoyés illégalement dans certains pays, notamment en Asie et en Afrique, malgré les réglementations internationales. Certains y sont démontés, triés, brûlés pour récupérer des métaux, comme le cuivre. Ce qui n’est pas valorisé est laissé dans la nature, enfoui ou brûlé, dégageant de nombreuses substances toxiques pour l’homme et l’environnement, dans l’air (combustibles toxiques, amas de cendres toxiques, gaz à effet de serre, …), les eaux (conduisant à une contamination des nappes et cours d’eau, de l’écosystème aquatique et de la chaîne alimentaire) ou les sols (décharges, pollution des sols et sous-sols pouvant mener à une contamination de la chaîne alimentaire, du lait, des produits issus de l’agriculture). Selon l’OMS, lorsque des déchets de ce type sont mal traités, jusqu’à 1000 substances chimiques différentes peuvent être rejetées dans l’environnement (OMS, 2024).
Dans l’Union européenne, la quantité d’équipements électriques et électroniques mis sur le marché est passée de 7,6 millions de tonnes en 2012 à 13,5 millions de tonnes en 2021. Dans le même temps, le total des équipements électriques et électroniques collectés est passé de 3 millions de tonnes en 2012 à 4,9 millions de tonnes en 2021. Moins de 40% des DEEE y sont recyclés (Parlement européen, 2024).
Parmi les stratégies de gestion des DEEE, on trouve le réemploi, le reconditionnement, le recyclage, mais aussi la valorisation énergétique des fractions non recyclables ou l’élimination (enfouissement, incinération). Aucune de ces stratégies de gestion des DEEE n’est la panacée. Les recycleries, qui visent à donner une deuxième vie aux équipements, ont certes une empreinte écologique moindre que le recyclage et l’incinération par exemple, mais la réutilisation – comme le réemploi – n’est pas possible indéfiniment. Le recyclage, quant à lui, est toujours partiel : selon le CNRS (2022), seuls certains matériaux sont récupérés, et moins d’1% des terres rares* est recyclé, le reste étant détruit. Dans la novlangue du développement durable, l’incinération est considérée comme « une valorisation de la fraction non recyclable des DEEE pour un bénéfice environnemental important » : elle peut permettre en effet de capter l’énergie des déchets et de la transformer en électricité par exemple, tandis que les résidus de la combustion (mâchefers et ferrailles) sont récupérés et réutilisés, mais elle est source d’émissions de gaz à effet de serre et de particules polluantes.
En 2020, la Commission européenne a présenté un plan d’action pour réduire ses e-déchets basé sur un objectif d’économie circulaire. Ce plan comporte plusieurs axes : des exigences de limitation de l’utilisation de certaines substances dangereuses dans les équipements électriques et électroniques ainsi qu’en matière de gestion des déchets, l’imposition du chargeur universel, la promotion de la réparation des équipements, de la collecte, du recyclage, etc. Mais, à aucun moment, ce plan ne permet de comprendre comment l’UE entend résoudre la contradiction fondamentale entre sa stratégie de croissance et de développement du numérique avec son objectif de réduction des DEEE. On voit en effet difficilement comment une croissance de la production d’équipements numériques et une augmentation correspondante de la consommation de ressources non renouvelables nécessaires pour produire ces équipements (ressources minières, eau, énergies fossiles, etc.) pourraient engendrer une réduction drastique de déchets et une diminution des impacts physiques sur ces ressources non renouvelables. En effet, même si la durée de vie des équipements augmente grâce au réemploi, ils finiront par se détériorer, et même si des procédés de production plus économes en matière sont mis au point, la dématérialisation des produits a des limites : il faudra toujours de la matière, des ressources minières, de l’eau et de l’énergie pour leur production.
Le triple objectif – circularité, neutralité carbone, écoconception – qui ressort du plan d’action et des politiques de l’UE en matière d’économie circulaireest présenté comme une réponse au doublement attendu de la consommation mondiale de matières au cours des 40 prochaines années, aux projections d’une augmentation de 70% de la production de déchets d’ici à 2050 et au constat selon lequel la moitié des émissions totales de gaz à effet de serre et plus de 90% de la perte de biodiversité et du stress hydrique résultent de l’extraction et de la transformation des ressources.
Or, si la consommation mondiale de matières premières est en croissance, l’économie ne pourra pas être circulaire, neutre en carbone, et les produits ne pourront pas être écoconçus. Cette stratégie européenne ne repose pas sur une définition honnête des concepts d’économie circulaire, d’écoconception et de neutralité carbone. En effet, pour qu’une économie soit réellement circulaire, il faut que les éléments recyclés correspondent aux ressources requises pour la production de nouveaux biens, que les intrants nécessaires au recyclage (énergie, eau, etc.) proviennent eux-mêmes de sources renouvelables, et que l’impact environnemental du recyclage soit neutre, ce qui n’est pas le cas. Une économie en croissance ne peut dès lors pas être circulaire parce que le recyclage ne peut se faire à l’infini, parce que la dématérialisation des produits a des limites, et parce que de nouvelles matières premières non renouvelables s’avéreront nécessaires pour produire les nouveaux équipements : ces derniers ne pourront être véritablement « écoconçus ».
Comme le soulignent plusieurs auteurs, une économie circulaire ne pourrait être théoriquement envisagée que dans le cadre d’une économie stationnaire ou de décroissance (Jackson, 2010 ; Grandjean, 2011 ; Arnsperger et Bourg, 2016 ; Kirchherr, 2017), et seulement « à condition que le substrat matériel sur lequel s’appuie la société soit constitué majoritairement de ressources renouvelables et que le prélèvement (recyclage déduit) soit inférieur au taux de régénération de la ressource renouvelable » (Fizaine, 2021).
La conception de l’économie circulaire de l’Union européenne est donc un leurre. Comme l’explique de façon très accessible ce professeur de management : « Il n’est pas possible de tout réutiliser, ou de recycler à l’infini. La matière se dégrade inévitablement, et si vous la récupérez pour faire du neuf, vous devez ajouter de la matière vierge, et/ou ajouter de l’énergie pour obtenir un nouveau produit. Il en va de même pour les produits : vous pouvez les maintenir et les réparer mais à un moment donné, ils auront une fin de vie. C’est le principe de l’entropie. Ensuite, de nombreux produits ont un usage « dispersif », à l’instar des engrais que l’on épand sur les terres agricoles ou des peintures sur les murs qui sont irrécupérables. Il est par ailleurs impossible de collecter l’ensemble des déchets. Certains sont perdus dans la nature ou se trouvent mélangés à d’autres déchets, car en quantité trop faible pour être triés, et finissent en décharge alors qu’ils auraient pu être recyclés. Mais même à supposer que vous récupériez toutes les matières primaires et secondaires des produits que vous fabriquez grâce à des technologies futures, cela ne suffirait pas à alimenter une économie en croissance. Pour fabriquer le 1,5 milliard de smartphones vendus dans le monde en 2022, alors qu’on en vendait « seulement » 680 millions en 2012, il a bien fallu extraire près de 2,5 fois plus de métaux en dix ans ! Le recyclage ne peut répondre qu’à une partie des besoins d’une économie en croissance. Les schémas fondés sur une circularité infinie où nous n’aurions plus besoin de ressources primaires sont donc erronés dans ce monde en croissance. Un rapport récent de l’Agence Européenne pour l’Environnement souligne qu’aucun découplage* ne s’est produit entre l’empreinte matière et la croissance du PIB au cours des trente dernières années (EEA, 2020). Autrement dit, la consommation de ressources non renouvelables a cru au même rythme que l’augmentation des richesses économiques » (Aggeri, 2023).
Les déchets miniers
L’industrie minière produit une énorme quantité de déchets dont la plupart sont extrêmement toxiques. Sans entrer dans les détails, l’exploitation minière, dont une part est illégale, peut en effet entraîner des contaminations et une acidification des eaux de surface et des eaux souterraines, avec des répercussions négatives sur les activités humaines, la santé, la faune et la flore. La qualité de l’air peut être affectée par les opérations minières, les gaz, les poussières contenant du plomb, de l’arsenic, du cadmium ou d’autres éléments toxiques. Le stockage à l’air libre des déchets miniers libère des substances qui peuvent être toxiques. L’extraction minière contribue fortement à dégrader les écosystèmes (sécheresse, déforestation, perte de biodiversité, destruction des habitats naturels…). Les fosses à ciel ouvert et les amas de stériles* peuvent entraîner la destruction physique des terres du site minier avec des impacts sur la faune et la flore. L’enlèvement des couches de sol et le creusement souterrain profond peuvent déstabiliser le sol. A long terme, l’exploitation minière peut provoquer une érosion des sols, une pollution des eaux et des pertes de biodiversité, y compris dans des sites protégés et dans les biomes* les plus riches en espèces (SystExt, 2021).
Par ailleurs, hormis pour certains métaux qui sont abondants, l’industrie exploite des gisements à très faible concentration, d’autant que les métaux ne sont pas sous forme pure, mais sous forme de minéraux. Les mines à bon rendement (c’est-à-dire avec des teneurs moyennes en métaux les plus élevées) ayant été exploitées en priorité, les exploitations actuelles se font sur des gisements dont les teneurs sont plus faibles, ce qui nécessite une utilisation toujours plus importante d’énergie, d’eau et de produits toxiques pour obtenir un rendement satisfaisant, et conduit à toujours plus de déchets miniers et de pollutions.
L’industrie minière est l’industrie qui génère le plus de déchets sous forme solide, liquide (boues) et gaz. Mais ces impacts environnementaux ne sont pas le propre des pays moins réglementés. En effet, « que l’on soit aux États-Unis, au Pérou ou en République démocratique du Congo, pour extraire 10 kg de cuivre, il faudra broyer et réduire en poudre 1 tonne de roche, puis la traiter aux xanthates (hydrocarbures). En quelques années, vous aurez obtenu un lac de résidus toxiques qui resteront dangereux entre 5 000 à 10 000 ans et qu’il faudra confiner tant bien que mal. Vous aurez nécessairement des fonderies, qui dégageront du dioxyde de soufre, et donc amplifieront les pluies acides et la pollution de l’air » (Izoard, 2021).
Ces impacts ont un coût pour les populations locales, la collectivité (l’Etat) et les générations futures qui en subissent et en subiront durant des siècles les préjudices, mais aussi les coûts financiers liés à la dépollution et à la réhabilitation des sites non prises en charge par les exploitants.
Face à un tel tableau, il est extrêmement difficile de souscrire à l’idée que la « transition numérique » et la « transition énergétique », dont la mise en œuvre conduit à multiplier la production de métaux, constituent des avancées pour l’humanité.
La pollution plastique
Nous n’avons pas encore évoqué la pollution par les matières plastiques liée au secteur du numérique. Dans la composition des DEEE, on trouve en effet une quantité importante de plastiques de toutes sortes, dont une part non négligeable n’est pas recyclée. Les déchets indirects, tels que les déchets plastiques provenant des emballages utilisés dans le cadre du e-commerce, sont également à prendre en compte dans cette pollution.
Un traité international contre la pollution plastique portant sur l’ensemble du cycle de vie des plastiques, y compris les phases de conception, de production et d’élimination, est actuellement en cours de négociation. L’idée d’instaurer un plafond de production des matières plastiques y a même été discutée.
Nous savons en effet que les plastiques polluent à toutes les étapes de leur cycle de vie. 90% des plastiques sont produits à partir de matières premières fossiles et en utilisant de grandes quantités d’énergie fossile. Ils sont responsables d’émissions de GES, de pollutions chimiques, affectant tous les écosystèmes, du fond des océans jusqu’à l’air que nous respirons, en passant par les sols qui nous nourrissent, nuisant à la santé humaine et à la biodiversité.
Si les objectifs généraux de ce traité peuvent paraître tout à fait louables, on voit mal, de nouveau, comment ils pourraient être conciliables avec la stratégie numérique et la stratégie de croissance de l’Union européenne qui visent un développement sans précédent du secteur numérique (parmi d’autres), même s’il existe aujourd’hui des produits présentés (abusivement) comme écologiques, tels que des ordinateurs en plastique recyclé.
Une étude de 2017 recense la totalité des matières plastiques produites depuis l’origine : sur les 8,3 milliards de tonnes métriques produites, seuls 9 % de ces déchets ont été recyclés et 12 % incinérés. L’immense majorité, soit 79 %, de ceux-ci se retrouve dans les sites d’enfouissement ou pire encore en pleine nature. Le recyclage est aussi un jeu de rendements décroissants. Une bouteille en plastique est assez facile à traiter, mais on ne peut le faire que quelques fois avant que le matériau ne se dégrade trop pour être recyclé à nouveau. Et comme les produits en plastique sont devenus plus complexes, leur recyclage est plus difficile. Ce n’est un secret pour personne : des montagnes de déchets plastiques sont expédiés vers les pays pauvres, où ils sont souvent brûlés dans des fosses à ciel ouvert, empoisonnant les communautés environnantes et envoyant encore plus de microplastiques et de produits chimiques dans l’atmosphère (Geyer, 2017).
Le recyclage, souvent présenté comme la panacée, n’en est pas réellement une : une nouvelle étude révèle que même lorsque le plastique parvient à un centre de recyclage, il peut finir par se fragmenter en micro ou nanoparticules qui contaminent l’air et l’eau (Brown, 2023). En d’autres termes, les recycleurs qui tentent de résoudre la crise du plastique pourraient en fait aggraver la crise des microplastiques. Interviewée, une des chercheuses à l’origine de cette étude conclut : « Je ne suis pas sûre que nous puissions résoudre ce problème par des moyens technologiques (…) le plastique est un composant non soutenable ». Les scientifiques et les groupes anti-pollution s’accordent en effet à dire que la solution ultime n’est pas de se reposer sur le recyclage ou d’essayer de retirer les déchets de l’océan, mais de réduire massivement la production de plastique.
La fin de l’obsolescence programmée ?[3]
On observe aujourd’hui un renouvellement de plus en plus court de nos objets électriques et électroniques, notamment les téléphones portables, les ordinateurs, les tablettes. On pourrait penser que le consommateur est l’unique responsable de cette tendance, et il est vrai que le premier réflexe que nous avons acquis en tant que consommateur, ces dernières années, face au dysfonctionnement d’un produit est de le remplacer par un nouveau au lieu de le réparer. Mais, en réalité, cette évolution est suscitée délibérément par le secteur industriel, non seulement par le biais du marketing et de la publicité, mais aussi en raison de stratégies d’obsolescence programmée.
L’obsolescence programmée, « arme absolue du consumérisme », comme la qualifie Serge Latouche, peut être définie comme « l’assortiment de techniques utilisées pour limiter artificiellement la durée de vie des produits dans le but d’inciter les consommateurs à acheter de manière répétitive ». Cela n’est pas sans répercussion environnementale. Le renouvellement perpétuel et croissant des produits électroniques a en effet pour conséquence de générer une quantité astronomique de ressources et d’énergie pour des produits qui finissent rapidement en déchets. Comme la plupart des secteurs économiques contemporains, ce secteur fonctionne en effet en grande partie dans une optique d’économie linéaire (extraction, production, consommation, rebut ; pas de recyclage, pas de réutilisation).
En amont, comme on l’a vu, la quantité colossale de ressources naturelles et d’énergie nécessaires à la production de ces équipements génère une empreinte environnementale particulièrement élevée. On observe d’ailleurs déjà une insécurité d’approvisionnement pour certaines ressources : selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’ère de la rareté́ se dessine pour un nombre croissant de matériaux. Mais ce qu’on perçoit plus rarement, c’est l’effet domino qui s’ensuit, car l’excavation de grandes quantités de terre entraîne le défrichage des sols, l’élimination de la végétation et la destruction des terres fertiles, l’intoxication des rivières par le rejet de polluants, une hausse de la consommation d’énergie fossile et de l’émission de gaz fluorés au pouvoir réchauffant hautement plus puissant que le dioxyde de carbone, etc. La croissance de la production, stimulée en partie par le raccourcissement du délai de vie des produits, ne fait qu’accélérer cette tendance.
En aval, ce sont également plusieurs dizaines de millions de tonnes de déchets électroniques qui sont produits par an à l’échelle globale. Gérer la fin de vie des déchets électroniques – qui font en outre l’objet d’un travail inhumain et dangereux dans les pays du Sud – devient donc un autre enjeu crucial.
Concrètement, comment se manifeste le phénomène de l’obsolescence programmée dans ce secteur ? Prenons l’exemple d’Apple. Le succès de cette marque repose en grande partie sur l’obsolescence programmée ainsi que sur l’obsolescence esthétique et psychologique, c’est-à-dire que les consommateurs choisissent de remplacer un produit encore en bon état parce qu’il semble démodé ou daté par rapport aux produits similaires plus récents.
Grâce à sa maîtrise du design futuriste, Apple conçoit des produits que le consommateur n’associe pas à l’idée de pollution. Pour autant, l’empreinte écologique des appareils ne constitue pas la priorité de l’entreprise. Ainsi, entre l’iPhone 4 et l’iPhone 5, on a constaté une augmentation de 36% des émissions de gaz à effet de serre liées à l’ensemble du cycle de vie de l’appareil. Mais le consommateur, hypnotisé par les publicités et cédant aux effets de mode, achète, la conscience tranquille, le dernier modèle à peine sorti, transformant en déchet un appareil fonctionnel à la durée de vie écourtée.
Apple a déjà fait l’objet de multiples plaintes pour obsolescence programmée. Test Achat a reçu en 2019 plus de 9.000 plaintes concernant l’iPhone 6. Si Apple s’est finalement plié à la législation européenne en abandonnant son chargeur Lightning, l’association Halte à l’Obsolescence programmée a assigné à maintes reprises l’entreprise en justice pour l’iPhone 15 au motif d’entrave au droit de réparation, l’appareil étant quasiment irréparable.
Comment le droit peut-il contribuer à un changement en matière d’obsolescence programmée ? Des législations existent en ce domaine. Elles concernent les trois stades du cycle de vie des produits : fabrication, promotion /commercialisation et traitement de fin de vie. Elles réglementent, par exemple, des domaines tels que l’écoconception, l’information aux consommateurs, la garantie ou encore la réparabilité.
L’écoconception est effectivement une piste majeure pour réduire l’impact environnemental des produits et combattre l’obsolescence programmée. La seule fabrication d’un smartphone représente presque la moitié de son empreinte environnementale et 80 % de la dépense énergétique totale de son cycle de vie. Une législation européenne sur l’écoconception vise à rendre les produits plus faciles à réparer, à recycler et à réutiliser[4]. Elle comporte des obligations pour le fabricant en matière de conception : ce dernier ne peut notamment pas entraver la durée de vie d’un produit et se voit dans l’obligation de mettre à disposition tout ce qui est nécessaire pour faciliter sa réparation.
Offrir au consommateur une meilleure protection contre les pratiques déloyales et une meilleure information au moment de la vente est une autre piste d’action choisie par le législateur européen[5]. L’omission ou la dissimulation d’une information qui empêcherait la prise d’une décision commerciale en connaissance de cause est interdite. Alors qu’une information sur les caractéristiques, la performance environnementale du produit, sa durée de vie et des conseils pour encourager une utilisation durable, comme un guide d’entretien contenant les instructions de réparation, sont censés avoir un impact sur les comportements d’achat des consommateurs et contribuer à prolonger la durée de vie du produit.
Des mesures sont prises également en matière de garanties sur les biens de consommation. Enfin, la réparabilité est une autre voie importante pour lutter contre l’obsolescence programmée. Il existe, par exemple, des exigences d’écoconception qui prônent la réparabilité des ordinateurs portables et qui contraignent le fabricant à mentionner si la batterie est remplaçable ou non. Il est cependant regrettable que la Commission européenne ne soit pas allée plus loin en exigeant que toutes les batteries et tous les autres composants des ordinateurs puissent être remplacés par un utilisateur non professionnel. Il existe également des mesures qui tentent de lutter contre les stratagèmes des fabricants pour augmenter le prix des pièces détachées.
Que penser de ces mesures légales ?
Il faut s’en réjouir. Mais elles suscitent plusieurs réflexions. D’une part, du côté des producteurs, au vu des résultats actuels, on peut se demander si les objectifs visés par ces législations sont suffisamment ambitieux. D’autre part, une partie de ces mesures ciblent le consommateur et lui prêtent un véritable « pouvoir magique » de modifier les choses par ses comportements d’achat individuels, et lui attribuent dès lors une responsabilité directe sur les impacts environnementaux liés au secteur. C’est oublier que, dans ce domaine qui ne concerne pas des besoins essentiels, s’il n’y avait pas de publicité et de marketing, il n’existerait pas une telle demande : la responsabilité est donc principalement et avant tout du côté des producteurs. De ce fait, pourquoi ne pas prendre des mesures en matière de publicité ?
Par ailleurs, si le numérique, et notamment le smartphone, sont rendus indispensables sous la pression des pouvoirs publics pour tous les actes du quotidien – à l’école, à l’université, au travail, à la banque, en voiture, dans l’administration, dans les soins de santé, etc. – le consommateur n’a plus de réelle possibilité de s’en passer, sauf à se retrouver socialement isolé, voire exclu. En encourageant l’usage et le développement du numérique, les pouvoirs publics ont donc une grande part de responsabilité dans les impacts de ce secteur. D’ailleurs, réglementer pour tenter de contenir les impacts négatifs du numérique, tout en misant toute la stratégie économique sur les technologies numériques, s’agit-il d’incohérence ou d’enfumage : on peut légitimement se poser la question.
Enfin, les consommateurs ne peuvent pas influer sur l’ensemble des facteurs. Il y a en effet tout un pan de l’empreinte environnementale du numérique qui n’a pas été abordé ici : celui de l’empreinte énergétique des logiciels et des contenus sur le Web. Cette question fait l’objet de recherches récentes visant à diminuer cette empreinte en mettant au point des logiciels moins consommateurs en énergie, en optimisant le code informatique et en développant des principes d’écoconception pour les développeurs de contenus sur le Web, notamment afin de diminuer le trafic des données qui transitent via des infrastructures coûteuses. Mais, dans un monde où la rapidité de l’innovation et l’efficacité immédiate sont les critères recherchés, notamment pour être compétitifs, ces recherches sont peu financées et peu valorisées à ce jour. Avec le basculement actuel que constituent le développement des IA et les débauches énergétiques liées à leur entraînement et à leur utilisation, le problème ne fait pourtant que s’aggraver.
La destruction de la couche d’ozone
Pour mettre en évidence à quel point les impacts du secteur peuvent être démesurés et parfois totalement inattendus, nous en mentionnerons rapidement un dernier.
De nombreux satellites tournent en orbite autour de la Terre à des fins diverses : économiques (télécommunications, positionnement, météo), militaires (renseignement), scientifiques. Certains d’entre eux ont pour but de fournir un accès à Internet par satellite. C’est le cas, par exemple, de Starlink, fournisseur d’accès à Internet par satellite de la société SpaceX, mais d’autres fournisseurs existent et d’autres projets sont en cours de développement. En fin de vie, certains satellites dégagent des polluants (notamment des oxydes d’aluminium) qui, en rentrant en contact avec l’atmosphère, peuvent contribuer à dégrader la couche d’ozone et modifier l’albédo de la Terre (son pouvoir réfléchissant qui contribue à refléter une partie du rayonnement solaire et à limiter l’échauffement terrestre). Or le nombre de satellites artificiels en orbite autour de la Terre, et notamment de mégaconstellations de satellites en orbite basse (8000 à ce jour dont 6000 de Starlink), ne cesse d’augmenter. Starlink justifie par exemple son projet de déployer 42000 satellites artificiels, dont la durée de vie est très courte (5 ans environ), par les besoins suscités par la croissance des nouveaux usages d’Internet (jeux vidéo en réseau, appels en visioconférence, etc.). Ce sont ainsi des milliers de tonnes d’oxyde d’aluminium qui pourraient prendre jusqu’à trente ans pour redescendre au niveau de la couche d’ozone, et y faire des dégâts incalculables.
L’argument bancal de la transition écologique : « Que la transition écologique soit, et la transition numérique fut » (Garin, Baucher, 2023)
De nombreux aspects liés à l’empreinte environnementale du numérique n’ont pas été abordés dans cet article. Mais ceux qui l’ont été révèlent qu’on ne peut pas sérieusement parler de dématérialisation du secteur numérique. Or ce secteur est bel et bien présenté comme étant au cœur de la transition écologique.
Par le passé, de nombreux rapports ont prédit que le numérique allait permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre des autres secteurs, compensant largement les impacts relatifs à ses infrastructures, et devenant ainsi un acteur clé dans la lutte contre les changements climatiques, malgré son empreinte carbone croissante. Ainsi, le rapport « SMART 2020 » de 2008 promettait que le déploiement des technologies de l’information et de la communication (TIC) permettrait de réduire de 15 à 30% nos émissions de gaz à effet de serre et de limiter le réchauffement climatique d’ici à 2020. Sept ans plus tard, le rapport « SMART 2030 » prévoyait que les TIC allaient réduire de 20% les émissions de CO2 d’ici 2030 et les maintiendraient au niveau de 2015. Or les prédictions de ces rapports ne se sont pas réalisées : ces émissions ont explosé. Pourtant, ces rapports inexacts servent aujourd’hui encore de documents de référence pour de nombreuses recherches et institutions (Garin, Baucher, 2023).
Aujourd’hui, on annonce que les IA vont permettre de « sauver les forêts », « prévenir les incendies », « capter le carbone dans l’atmosphère », et mille autres applications, toutes plus « écologiques » les unes que les autres : améliorer la gestion des déchets, optimiser les quantités d’engrais, préserver la biodiversité, optimiser l’efficacité énergétique des villes, etc. Ces applications, qui invisibilisent l’empreinte environnementale démesurée du secteur, permettent aux décideurs politiques de justifier les orientations politiques qu’ils prennent en faveur du numérique et boostent les investissements dans ce secteur.
Certes, les IA permettent des innovations qui, à certains égards, peuvent sembler aller dans le sens d’une réduction des consommations, d’une surveillance des milieux ou d’une réparation de certains environnements dégradés. Mais ces innovations se font au prix de nouvelles extractions de ressources non renouvelables, de nouvelles consommations, de nouveaux déchets et de nouvelles dégradations irréversibles inhérentes à la prolifération de ces technologies.
La fable du découplage et l’implacable effet rebond
Il est vrai, par ailleurs, que certains industriels prônent ou prennent des mesures en faveur d’une « IA frugale » (un énième concept pour exprimer l’idée que l’on vise une réduction de l’impact environnemental des IA) dans une optique de découplage* (c’est-à-dire que, malgré la croissance des activités économiques, les quantités d’énergie et de matière consommées par ces activités baisseraient). Malheureusement, dans un contexte de poursuite de la croissance, la « frugalité » affichée par ces modèles industriels ne prend pas en compte l’effet rebond* (on parle d’effet rebond lorsque les économies attendues en raison d’un gain d’efficacité – un processus de production moins gourmand en énergie ou en matière par exemple – ne sont pas obtenues en raison d’une adaptation des comportements : par exemple, l’énergie et la matière non consommées dans ce processus de production plus efficient le sont à travers d’autres usages ou d’autres productions).
En effet, si le découplage relatif* est une réalité qui peut être observée à travers la mise au point de biens ou de services moins gourmands en ressources ou en énergie, le découplageabsolu, pérenne, rapide, mondial, suffisant et total, c’est-à-dire à l’échelle de la production globale, est loin d’être à l’ordre du jour : ce sont en effet toujours plus d’énergie et de matière qui sont consommées dans la production mondiale.
Plusieurs études faisant état de la recherche sur le découplage mettent d’ailleurs clairement en évidence que les découplages, quand ils existent, sont majoritairement relatifs (c’est-à-dire que la pression environnementale croît moins vite que la croissance économique), souvent temporaires, ne concernent qu’une minorité de pressions environnementales (généralement l’empreinte carbone, indépendamment de la consommation d’eau ou de ressources, etc.) et sont souvent dérisoires (Parrique, 2019 et 2020 ; Haberl, 2020).
Accroître l’efficience énergétique* des dispositifs numériques, diminuer l’impact de la fabrication, augmenter le réemploi des dispositifs en fin de vie, etc. : ces pistes d’action pourraient être des réponses pertinentes dans une optique de décroissance globale de la production. Mais elles ne tiennent compte ni des effets rebond, ni du contexte de croissance du secteur.
Conclusion : on n’arrête pas le progrès ?
De plus en plus de chercheurs et d’organismes alertent sur les répercussions funestes du développement des technologies numériques sur l’environnement et les relations internationales. Il semble donc urgent d’interroger la place du numérique dans nos sociétés, ainsi que celles des technologies et phénomènes qu’il a rendu possibles (techniques d’IA, internet des objets, blockchain, essor de la robotique contemporaine, etc.).
Nous avons montré que les réponses apportées à ce jour à cette problématique ne sont pas satisfaisantes. Dans un contexte de développement croissant du secteur, les arguments de la dématérialisation, du découplage, de la mise en place d’une économie circulaire, d’une transition écologique qui serait facilitée par la transition numérique et d’une sobriété des usages ne résistent pas à l’examen. Bien que cet appel à la raison n’aille pas dans le sens des intérêts économiques, politiques et militaires tels qu’ils sont posés actuellement, une seule conclusion découle logiquement des constats posés dans cet article : celle d’un impératif de « désescalade numérique ».
Valérie Tilman
Membre du Grappe
GLOSSAIRE
Découplage : le découplage est un concept qui renvoie à une dissociation entre la croissance des activités économiques et la consommation de ressources et d’énergie (en d’autres termes, alors que l’économie poursuivrait sa croissance, la consommation de ressources et d’énergie baisserait). Le découplage est relatif quand les pressions environnementales augmentent, mais moins vite que le PIB. Pour répondre aux défis climatiques et environnementaux, le découplage devrait être absolu, durable, rapide, mondial, suffisant et total.
Dématérialisation : remplacement des fichiers matériels par des fichiers informatiques. Le terme laisse penser que la transition numérique serait économe en ressources, énergie et matières premières, et donc écologique, ce qui est une mystification.
Efficience énergétique : efficacité, capacité de rendement.
Énergie primaire : forme d’énergie disponible dans la nature avant toute transformation.
Terres rares : les terres rares, à ne pas confondre avec les métaux rares, ne le sont pas tant du fait de leur rareté mais parce qu’elles sont difficiles à extraire. Il s’agit d’un ensemble de 16 ou 17 métaux aux propriétés voisines, chimiquement assez réactifs et disposant de propriétés électromagnétiques les rendant indispensables pour des fabrications de haute technologie.
Transition énergétique : transformation du système énergétique pour diminuer son impact environnemental.
Transition numérique : la transformation numérique, appelée aussi transition numérique, transformation digitale ou e-transformation, correspond au phénomène de mutation lié à l’essor du numérique, d’Internet et des réseaux sociaux. Elle a contribué à l’apparition de phénomènes tels que le « big data » (mégadonnées ou données massives), les techniques d’intelligence artificielle, la technologie de la blockchain, etc. Elle est présentée par les acteurs économiques et les pouvoirs publics comme un outil pour la transition énergétique et la transition écologique : c’est cette allégation qui est contestée dans cet ouvrage.
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[1] Voir glossaire à chaque *
[2] Sur Terre, 97,5 % de l’eau est salée et contenue dans les océans. Seuls 2,5 % sont de l’eau douce, soit environ 35,2 millions de milliards de mètres cubes. Sur cette quantité d’eau : 68,7 % se trouvent dans les glaciers ; 30,1 % dans les nappes phréatiques ; 0,8 % dans le permafrost ; 0,4 % en surface et dans l’atmosphère. Pour finir, moins de 1 % de l’eau sur Terre est de l’eau douce et liquide.
[3] Par Salina Cancelier, étudiante en droit.
[4] Règlement (UE) 2024/1781 du Parlement européen et du Conseil du 13 juin 2024 établissant un cadre pour la fixation d’exigences en matière d’écoconception pour des produits durables.
[5] Directive (UE) 2024/825 du Parlement européen et du Conseil du 28 février 2024 pour donner aux consommateurs les moyens d’agir en faveur de la transition verte grâce à une meilleure protection contre les pratiques déloyales et grâce à une meilleure information et proposition de directive du Parlement européen et du Conseil sur la justification et la communication des allégations environnementales explicites.