Résistons aux sirènes de la facilité
Campagne d’Attac Liège
Un scandale économique, social et environnemental
Des gens cloîtrés chez eux, qui commandent nourriture, vêtements ou produits électroniques sur le site d’Amazon, regardent Amazon vidéo ou écoutent Amazon music, c’est la situation rêvée pour Jeff Bezos.
Et tant pis si cela se fait au prix de 20 000 salariés contaminés par le COVID, d’une explosion du nombre de produits importés, du recours à des modes de transports polluants qui se conjuguent à des dérogations au temps de conduite des chauffeurs routiers prises par décret, de véhicules de livraison, toujours plus nombreux, souvent en partie vides, de la destruction de milliers d’emplois dans les commerces de proximité, d’une évasion fiscale massive, ou de l’artificialisation des terres pour construire des entrepôts (19 nouveaux entrepôts prévus en France).
Ce développement accéléré se fait aux dépens des engagements climatiques de notre pays. En permettant de tout acheter « en un clic » Amazon favorise en réalité la multiplication d’achats superflus et suremballés, consommateurs de ressources et émetteurs de CO².
Dans le même temps chez Amazon, les revendications salariales sont balayées d’un revers de main, les demandes de primes exceptionnelles liées à l’augmentation de l’activité sont refusées (alors qu’elles existaient lors du premier confinement), tout comme le maintien du salaire pour celles et ceux qui doivent être confinés.
Avec le second confinement et la fermeture de nombreux petits commerces, Amazon se frotte une nouvelle fois les mains. Comme en France, la vente de produits jugés non essentiels est interdite sauf pour les géants de la vente en ligne (en notant toutefois qu’en Belgique, les librairies sont cette fois restées ouvertes).
C’est ainsi que s’esquisse un monde d’après pire que le monde d’avant.
Celui d’un capitalisme sécuritaire dominé par les GAFAM, ces géants du e-commerce et de la vie numérique. Celui d’une multinationale en train d’asseoir son monopole dans la vente de milliards de produits en détruisant la vie sociale locale, une multinationale qui détruit 4,5 emplois lorsqu’elle en crée un, qui remplace progressivement ses salariés par des robots et qui a recours à des milliers de travailleurs précaires pour livrer ses produits. Avec la crise et le confinement, Amazon menace la survie même de l’ensemble du secteur du commerce. Si elle n’est pas stoppée, l’expansion d’Amazon pourrait conduire au doublement de sa part de marché et provoquer la destruction de dizaine de milliers d’emplois. Elle se traduirait également par la distribution de 2 milliards de produits supplémentaires par an et nous enfoncerait encore plus dans le chaos climatique.
L’importance d’un moratoire
La crise du Covid devrait nous servir à repenser en profondeur nos modes de consommation et de vie sociale, pas à nous enfoncer dans un monde de surconsommation prédateur. D’où l’importance d’un moratoire pour nous permettre de réfléchir à des alternatives en matière d’emploi et de développement de la vie locale compatibles avec les enjeux climatiques et sanitaires.
Pour faire face à l’urgence, une taxe exceptionnelle sur le chiffre d’affaires d’Amazon et des autres profiteurs de la crise est également indispensable. Elle permettrait dans l’immédiat de financer les mesures de préservation de l’emploi et le fonds de solidarité pour les commerces de proximité.
Par ailleurs, dans le cadre des négociations en cours à l’OCDE, la Belgique doit défendre un taux d’imposition minimum à hauteur de 25% des bénéfices dans chaque pays et exiger une juste répartition des rentrées fiscales pays par pays, afin de garantir que les impôts soient payés là où se trouvent les employés, les bureaux et les usines et où sont vendus les biens et les services.
La fronde qui monte un peu partout doit encore s’amplifier, car le monde rêvé par Amazon est en totale contradiction avec les la profonde aspiration à des vies décentes sur une planète vivable. C’est la raison pour laquelle nous nous mobiliserons d’ici au 27 novembre prochain, date du “Black Friday”, pour montrer l’urgence de stopper l’expansion du géant du e-commerce avant qu’il ne soit trop tard.
https://liege.attac.org/stop/
STOPPER AMAZON avant qu’il ne soit trop tard
Campagne internationale France – Belgique
Daniel PUISSANT
membre du groupe de coordination d’ATTAC-Liège
secrétaire du Réseau pour la Justice Fiscale
Le Grappe soutient cette campagne.
Voir également le communiqué de presse du 21 avril 2020 de Paul Lannoye : » Il faut boycotter Amazon«